Vers la sobriété heureuse
par Pierre Rabhi

Société, Philo

27 décembre 2013

[social_warfare]

Temps de lecture : 4 min

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Pour Pierre Rabhi, seul le choix de la modération de nos besoins et désirs, le choix d’une sobriété libératrice et volontairement consentie, permettra de rompre avec cet ordre anthropophage appelé « mondialisation ». Ainsi pourrons-nous remettre l’humain et la nature au coeur de nos préoccupations, et redonner enfin au monde légèreté et saveur.

« L’erreur fatale de la modernité est d’avoir subordonné le destin collectif à la vulgarité de la finance » 

La sobriété comme choix de vie

Dans cet ouvrage en partie autobiographique, Pierre Rabhi témoigne du parcours qui l’a amené à la « sobriété heureuse ». Né en Algérie, d’un père forgeron reconverti dans les mines de houille, il assiste impuissant à la fin d’un monde séculaire et réalise que la modernité est « une immense imposture ». Après quelques années passées en tant qu’ouvrier spécialisé dans une entreprise de la région parisienne, il abandonne la vie urbaine pour se reconvertir à l’agriculture, avec son épouse Michèle, sur un terrain de la Cévenne ardéchoise. Autodidacte, déterminé à vivre dans la simplicité – sans raccordement d’eau ni d’électricité les premières années – adoptant une gestion rigoureusement écologique, Pierre Rabhi a fait de la sobriété un choix de vie, qu’il a nommé « chemin initiatique ascendant. »

La modernité : une hypocrisie qui a engendré le pillage de la planète

Pierre Rabhi fait une critique radicale de la modernité, « l’idéologie la plus hypocrite de l’histoire humaine ». La révolution industrielle s’est faite au prix du pillage de la planète et de l’aliénation du monde rural si bien que le paysan, intendant millénaire de la terre nourricière, aujourd’hui manipulé par l’idéologie du profit tout-puissant, en est arrivé à détruire le bien commun vital qu’il faisait jadis prospérer. Or cette logique est en train d’affamer les paysans après avoir produit des enrichissements honteux grâce à leur labeur. Derrière l’idéologie soi-disant libératrice de la modernité, se cache une servitude banalisée, celle de la majorité des êtres humains qui forment la base de la pyramide. Car c’est bien ce modèle hiérarchisé qu’a imposé le précepte de croissance économique illimitée, un système carcéral qui nous enferme dans les « boîtes » pour lesquelles nous travaillons ou dans les « caisses » avec lesquelles nous nous déplaçons et limite l’horizon du citadin à celui de sa télé ou de son écran,…

Tout ce qui n’a pas de prix, n’a pas de valeur

Dès lors, tout ce qui n’a pas de prix, n’a pas de valeur. L’économie moderne est devenue l’antithèse de ce mot, un système dissipateur et destructeur. Et contrairement aux animaux qui se constituent des réserves pour leur survie en temps difficiles, l’espèce humaine est la seule qui spécule, amasse plus que de raison et donne à ses possessions (or, diamants, voiture,…) une valeur symbolique exorbitante, source de violences et de meurtres. Les cultures traditionnelles (« nous appartenons à la Terre ») font place aux civilisations de l’outrance (« la Terre nous appartient »), le fameux clivage Nord/Sud ne cesse de se creuser, la société fragmentée, cloisonnée devient de plus en plus anxiogène et l’être humain est affligé d’une sorte de « lucropathie », il est possédé par ce qu’il croit posséder.

Avec le temps-argent, la modernité a rompu avec les cadences millénaires imprimées au temps. Désormais, le temps ne peut plus être perdu mais doit être gagné, instaurant la frénésie comme mode d’existence collectif et l’on peut légitimement se demander si les outils de communication renforcent les liens sociaux ou connectent les solitudes, si les instruments complexes servent la communauté humaine ou s’ils l’asservissent ? Même ceux qui récusent l’ordre établi sont condamnés à l’entretenir par leurs gestes quotidiens : s’éclairer, se servir du téléphone, se déplacer… La cohérence entre nos aspirations profondes et nos comportements est limitée mais toutes les occasions sont à saisir.

La sobriété heureuse relève du domaine mystique et spirituel

La sobriété, que l’on peut définir comme une protestation contre la société de surconsommation, se justifie par le besoin d’équité dans un monde où misère et surabondance cohabitent. Que l’on songe aux peuples premiers qui ne tuaient pas sans nécessité vitale, qui témoignaient de la modération, du respect et de la gratitude. L’être humain proclamait son appartenance à la vie au lieu de revendiquer d’en être le propriétaire. Il ne s’agit pas de magnifier le passé mais de déplorer que celui-ci n’ait pas été enrichi des valeurs positives de la modernité. Les civilisations qui se sont construites sur le stockage se sont presque toujours détournées de la modération et ont instauré une prédation excessive, exorbitante comparée aux peuples traditionnels. Les règles de la tempérance ont été remplacées par celles de l’avidité.

Comprendre l’immense valeur de la vie, en faire un chef d’œuvre inspiré par un humanisme vivant et actif, permet de vivre une existence accomplie. L’avenir est à la civilisation de la sobriété devenue une nécessité vitale car l’auto-limitation engendre de l’équité. Il y a nécessité absolue de placer l’humain et la nature au cœur de nos préoccupations et l’économie à leur service.

Il faut désormais changer de paradigme : refonder l’avenir sur la logique du vivant

Et, pour ce faire, renoncer aux mythes fondateurs de la modernité. Les actes indispensables consistent à voter des résolutions radicales pour préserver l’intégrité de la planète Terre, à inscrire la protection des peuples premiers dans des lois rigoureuses, à rééquilibrer le masculin et le féminin, à revoir de fond en comble l’éducation des enfants. Celle qui prévaut est en effet une machine à fabriquer des soldats de la pseudo-économie pour laquelle éduquer se résume à déformer pour formater et rendre conforme. Dans le nouveau paradigme, il faut en priorité être attentif à l’enfant en développant une pédagogie de l’être qui permette de le faire naître à lui-même, le doter d’une cohérence intérieure, abolir le climat de compétition et la prépondérance donnée à l’intellect au détriment de l’intelligence des mains. Car s’il faut se demander « Quelle planète laisserons-nous à nos enfants ? », on peut aussi se poser la questions : «  Quels enfants laisserons-nous à notre planète ? ».

Pierre Rabhi ne prône ni la révolte virulente ni la passivité mais en appelle à l’insurrection des consciences. Il nous appartient de faire de la sobriété une option heureuse, débouchant sur une vie allégée, tranquille et libre.

Pierre Rabhi

pierre rahbiPierre Rabhi, né en 1938 à Kenadsa, dans le sud de l’Algérie française, écrivain et penseur, est l’un des pionniers de l’agriculture biologique. Devenu paysan dans les années 60 en Cévennes ardéchoises, il se lance avec son épouse dans l’élevage caprin et expérimente l’agriculture biodynamique. Quinze années leur seront nécessaires pour parvenir à vivre de leur ferme. Inventeur du concept « Oasis en tous lieux », proposition alternative de mode de vie, Pierre Rabhi est impliqué dans différents projets dont la Ferme des Amanins, site écologique, solidaire et pédagogique, Les Colibris, plateforme de rencontre et d’échanges autour d’alternatives, la Ferme des enfants et le hameau des Buis, qui propose une pédagogie Montessori, le Mapic, Mouvement Appel pour une insurrection des consciences, créé suite à la précampagne de Pierre Rahbi à la présidentielle, le Monastère de Solan, union de la liturgie et du travail de la terre, Terre & Humanisme, pour transmettre l’agroécologie ici et ailleurs.

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Barbara Reibel Coach Happiness

Barbara Reibel

Coach Happiness, Auteure et Blogueuse
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2 Commentaires

  1. papy grincheux

    as tu lu  » La vie a-t-elle un sens ? » dialogue entre Jean-Marie Pelt et Pierre Rabhi ?

    Réponse
    • Barbara Reibel

      Le titre exact est « Le monde a-t-il un sens » et non, je ne l’ai pas lu. Si tu l’as lu et que tu souhaites en faire un résumé, ça m’irait plutôt bien (dis tu veux bien être mon nègre ? bon, je sais, ça sonne horriblement raciste) 😉

      Réponse

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