Foutez-vous la paix !
et commencez à vivre
par Fabrice Midal

Philo

20 juin 2018

[social_warfare]

Temps de lecture : 8 minutes

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En 15 injonctions qui se veulent anti-dictature de la performance, Fabrice Midal nous propose dans Foutez-vous la paix de reprendre le chemin de la simplicité par la méditation.

« Méditer, c’est se libérer de l’enfer de la pleine conscience pour vivre enfin en pleine présence avec l’entièreté de notre être. » 

Cessez de méditer
Ne faites rien

La méditation est un art de vivre, dit Fabrice Midal, une respiration sans consignes ni sanctions. Essayez : asseyez-vous ! La posture droite n’est pas chose aisée au début et il faut un peu de temps pour s’y habituer. Mais rappelle l’auteur, il n’y a pas de posture à prescrire ou à proscrire.

S’asseoir n’est pas une technique, c’est une manière très simple de réussir à ne rien faire.

Cessez d’obéir
Vous êtes intelligent

Depuis notre naissance, on nous exhorte à à rentrer dans un moule au lieu de prendre le risque d’être qui nous sommes vraiment. À l’école nous apprenons à appliquer des règles toutes faites et y obéir aveuglément nous éteint. Nous avons envie de dire non mais quelque chose nous retient.

Nous confondons formation et formatage.

C’est parce que, dit Fabrice Midal, nous ne savons plus prendre de la hauteur et voir plus grand que le cadre dans lequel nous sommes enfermé. Il nous invite à nous libérer des carcans, à découvrir d’autres forces, d’autres atouts. Il ne s’agit pas de faire n’importe quoi et de tomber dans l’anarchie, mais de vivre sans muselière, d’apprendre à se passer des règles quand elles nous brident.

Cessez d’être sage
Soyez enthousiaste

Nous voulons ressembler aux sages, mais sans nous encombrer d’un chemin long et tortueux. Pour l’auteur, il faut partir de ce que nous sommes : c’est cela la vraie sagesse. Arrêtons de nous sentir en faute et renouons avec l’enthousiasme qui guérit et change le monde.

Il y a une forme de provocation dans la vraie sagesse.

Fabrice Midal affirme : « Les débordements, c’est formidable. C’est le Bouddha qui se fiche des conventions et quitte son palais, c’est Jésus qui renverse les tables des marchands du Temple, c’est Mandela qui prend les armes et encourage à la révolution contre l’ineptie de l’Apartheid. Ce sont les sages et les grands maîtres qui choquent les bonnes gens. »
En réalité, la sagesse est déjà là, en chacun de nous. Être sage, ce n’est pas nier notre identité pour atteindre une improbable perfection, mais nous ouvrir à ce que nous sommes, imparfaits comme nous sommes. Libérer notre enthousiasme, c’est prouver que nous sommes vivants !

Cessez d’être calme
Soyez en paix

Ce calme que nous semblons tous vouloir poursuivre est aux antipodes de la vie. « D’ailleurs dire à quelqu’un « calme-toi » n’a jamais calmé personne ! », rappelle l’auteur.

Pacifier ce n’est pas calmer.

La paix ce n’est pas l’idéal lisse et parfait véhiculé par l’Occident, elle n’exige pas de laisser les émotions en dehors de l’équation. Fabrice Midal rajoute : « Cessons de culpabiliser si notre façade n’est pas celle d’un idéal robotisé car, à force de nous censurer, nous devenons des cocotte-minute qui explosent dans un burn-out silencieux. » En méditant, n’essayez pas de vous calmer, n’essayez même pas de vous détendre, soyez juste là, assis, attentif à ce qui se passe. « Nous n’avons pas l’habitude de ne rien faire pour que quelque chose advienne. Et c’est une chose énorme qui advient, c’est la vie. »

Cessez de vous réfréner
Désirez !

Nous sommes convaincus que la spiritualité nous délivrera de nos désirs.

Le désir est l’élan de vie qui me porte en avant, qui me surprend souvent, me libère toujours.

Ce sentiment nous saisit aux tripes, nous ne le maîtrisons pas et pourtant nous le reconnaissons comme profondément juste quand il se manifeste. « Ce désir nous sort de notre zone de confort pour nous faire aller plus loin, vers l’autre, vers l’ailleurs vers ce qui est juste vers ce qui est plus grand que notre petit moi ». Écouter ce que nous sommes, ce qui nous appelle, est à l’image de la méditation, étonnant de simplicité. C’est une démarche qui consiste à observer, dans une bienveillante neutralité, ce qui nous arrive, nous touche, nous parle.

Cessez d’être passif
Sachez attendre

Pour nous, l’action est tout ce qui produit un résultat immédiatement mesurable : faire la cuisine, prendre sa douche, lire un livre, ….sinon, il ne se passe rien. Le summum de la réussite étant d’être surbooké, nous enchaînons les activités absurdes, mécaniques, qui n’ont pas de sens sauf celui de nous occuper.

Tourner comme un hamster dans sa roue n’est pas agir.

Beaucoup pensent que la méditation est une parenthèse passive dans la vie active, une pause au milieu de l’agitation. Fabrice Midal rappelle : « Quand je médite, je m’arrête, je reste en silence, je me fous la paix pour pouvoir être ainsi plus ouvert à la réalité. J’accepte d’attendre, d’écouter la vie dans son effervescence. » Se remettre en lien avec son être, avec la vie, c’est le contraire de la passivité. L’action véritable est celle qui permet à quelque chose d’éclore. « Être actif, ce n’est pas s’agiter, ce n’est pas courir vainement dans tous les sens pour donner et se donner l’impression d’être dans le faire, mais se construire en profondeur. »

fabrice midal foutez-vous la paix en 1 motCessez d’être conscient
Soyez présent !

Depuis Descartes, nous pensons, à tort, que la conscience est coupée de la réalité. C’est pourquoi Fabrice Midal donne à la méditation qu’il enseigne le nom de pleine présence plutôt que celui de pleine conscience. Pour lui, « méditer ce n’est pas se mettre à distance des choses pour pouvoir les saisir mais au contraire essayer de se mettre en rapport avec elles, les intégrer à mon être. »

Cessez de vouloir être parfait
Acceptez les intempéries

Nous voulons être parfaits parce que nous refusons l’échec et nous oublions que dans la vie, l’échec est non seulement inévitable, il est indispensable.

Si nous n’apprenons pas à échouer, nous échouerons à apprendre.

Nous voulons être parfaits pour donner une image de nous qui soit bien lisse, sans vagues, sans aspérités, libre de toute émotion négative. « Or c’est quand nous sommes le plus authentique que l’on peut vraiment rencontrer les autres, comme s’il fallait prendre ce risque pour une transmission de cœur à cœur. »
Notre obsession de la perfection nous amène à exercer à l’égard de nous-même un harcèlement moral. C’est pourquoi méditer est un acte de bienveillance envers soi, c’est prendre en vrac tout ce qui nous constitue et enterrer la hache de guerre. C’est un mouvement profondément libérateur dans notre société dominée par une vision perfectionniste qui n’a absolument rien à voir avec la réalité de notre existence humaine. Car nous mobilisons une énergie extraordinaire pour y parvenir d’où l’injonction de Fabrice Midal : « ne soyez pas parfait, soyez excellent. Acceptez vos défauts et vos lacunes et faites de votre mieux à partir de ce que vous êtes. Ne vous coupez pas de vous-même, ne vous coupez pas de la vie. »

Cessez de chercher à tout comprendre
Découvrez le pouvoir de l’ignorance

Notre volonté de tout comprendre nous égare car notre vie ne se résume pas à une équation mathématique. En abandonnant le besoin de tout comprendre, nous pouvons révéler notre intuition, ce qui n’a rien à voir avec un mystérieux sixième sens ou un pouvoir réservé à quelques-uns. Cette intuition se réveille, nous dit Fabrice Midal : « quand nous devons prendre une décision immédiate sans avoir le temps de rassembler les informations rationnellement nécessaires à cette prise de décision ». L’intuition est cette forme de « rationalité souterraine qui se déploie d’autant mieux que l’on se fout la paix, que l’on accepte de s’écouter au lieu d’être dans l’obsession paralysante des vérifications infinies. »

Se foutre la paix c’est se jeter à l’eau pour s’ouvrir à des possibles qui nous rendront plus créatifs.

C’est sortir des schémas et accepter de ne pas savoir, de ne pas contrôler.

Cessez de rationaliser
Laissez faire

La rationalité devient déraisonnable aujourd’hui, nous dit Fabrice Midal : « la moindre décision, le moindre engagement doit être bétonné(e) par les experts qui nous gouvernent ». Or ces experts comprennent certes le problème en théorie, mais en faisant abstraction du facteur humain, en le réduisant à un ensemble de données comptables.
« Se foutre la paix, c’est apprendre à se désintoxiquer du calcul, c’est se rendre compte de la violence, de la déshumanisation radicale qu’il implique. C’est permettre à une intelligence beaucoup plus profonde en nous d’exister. » L’auteur ne déclare pas la guerre à la rationalité mais refuse de la voir dicter sa vie. Il met en garde contre la tendance actuelle de vouloir « gérer » ses enfants ou les salariés d’une entreprise comme on gère son compte en banque, ou encore de méditer pour être plus efficace et plus rentable.

Apprenons enfin à laisser jaillir la vie dans sa pure effervescence.

Cessez de vous comparer
Soyez vous-même

Nous subissons, de plus en plus, cette double injonction, irréconciliable : « Ne sortez pas du lot mais soyez différents ». Think different mais achetez le dernier portable, comme des millions d’autres personnes. Si bien que nous en arrivons à ne plus avoir savoir ce que nous voulons vraiment, indépendamment des autres, indépendamment de la norme.
L’auteur reconnaît « : « qu’en sortant du troupeau on fait l’épreuve d’une certaine forme de solitude, mais d’une solitude salutaire qui n’est pas de l’isolement. »

Le chemin vers soi n’est pas balisé comme une carte routière.

C’est l’œuvre d’une vie, avec des étapes qui ne sont pas définies à l’avance. Être soi-même ce n’est pas non plus faire du nombrilisme, c’est s’oublier pour s’ouvrir au monde, se laisser être.

Cessez d’avoir honte de vous
Soyez vulnérable

Nous avons honte d’être comme nous sommes et nous nous torturons pour « être mieux », car on nous vend un bonheur lisse. Or être bien dans sa peau c’est être bien avec tout ce que l’on est. « La pratique de la méditation assise, le dos ferme et solide, la poitrine tendre et ouverte, exprime avec justesse l’attitude à adopter face à la vie », nous rappelle l’auteur : « j’ai acquis de la solidité mais je ressent de la tendresse ».

La méditation n’est certes pas toujours confortable mais elle est toujours libératrice.

Elle ne nous fait pas entrer dans un moule, elle ne nous demande rien, elle ouvre juste un espace dans lequel nous sommes autorisés à nous foutre la paix.

Cessez de vous torturer
Devenez votre meilleur ami

Nous sommes notre pire juge car nous avons tous, à l’intérieur de nous, cette petite voix insidieuse qui commente en permanence chacune de nos actions et de nos pensées avec une sévérité dont nous serions incapables envers n’importe quelle autre personne.
« Certaines méthodes pédagogique ont prouvé que lorsqu’on aide un enfant à mettre en valeur les qualités qu’il possède il va se détendre et trouver les ressources en lui pour mieux faire. », rappelle Fabrice Midal. À force de se critiquer on finit par se convaincre réellement de notre incapacité à bien faire. Il est donc urgent d’adopter une attitude douce et bienveillante envers soi, d’arrêter de croire en la méchanceté fondamentale de l’homme qui a surgi avec l’invention biblique du péché originel.
La pratique de l’amour bienveillant suscite parfois quelques réticences car elle est considérée comme une forme d’égoïsme alors que :

c’est un acte d’héroïsme que de s’accepter pleinement.

Cessez de vouloir aimer
Soyez bienveillant

« Cesson de vouloir aimer, de nous forcer à dire un je t’aime conditionnel ou convenu à tout bout de champ. », dit l’auteur mais soyons simplement bienveillant. C’est ainsi que commence l’amour : quand on se sent autorisé à être vraiment soi-même, quand on découvre que l’on est davantage soi-même auprès de l’autre.

Cessez de discipliner vos enfants
La méditation n’est pas de la Ritaline

La méditation n’a pas pour vocation à rendre plus calme les enfants ou les adultes. Elle n’est pas là pour les empêcher d’être des enfants mais au contraire pour les autoriser à l’être. Une séance de méditation ne calme pas mais elle apaise un enfant, elle ne le fait pas entrer dans un moule mais elle invente une meilleure manière d’être en relation avec lui.
Fabrice Midal poursuit : « Les récentes recherches sur le cerveau de l’enfant ont montré les dommages causés sur lui par la violence ordinaire sous l’effet du stress : le développement des neurones se modifie, les connexions interneuronales s’organisent différemment, certaines peuvent s’atrophier et disparaître, le cerveau se grippe en quelque sorte, comme sous l’effet d’un usage régulier de psychotropes. »
Et il rajoute : « Nous n’avons plus le droit maintenant que nous le savons de ne pas relever le défi d’inventer une nouvelle forme d’éducation bienveillante et la méditation peut participer à ce renversement copernicien. »

Au lieu de considérer que l’enfant m’appartient et qu’il doit répondre à mes projets, je vois les choses avec lui plutôt que contre lui.

Conclusion

Le bonheur, tel que l’auteur l’entend, n’est pas cette « conception niaises et édulcorée telle qu’elle nous est présenté à longueur de pages de magazine » mais une véritable aventure « qui consiste à vivre une existence riche et pleine de sens qui inclut aussi des moments difficiles. »
Se foutre la paix, ce n’est pas démissionner ou cesser de fournir des efforts. C’est le prix d’un long travail pour « retrouver l’esprit d’enfance que nous avons enfouis sous nos paroles d’experts. Un tel bonheur ne dépend pas des circonstances et c’est une profonde délivrance… »

J’aime bien

  • La traduction de mindfulness par Pleine Présence plutôt que Pleine Conscience
  • La bienveillance qui est le fil directeur du livre
  • Les références philosophiques et littéraires qui l’émaillent

J’aime moins

  • Les chapitres sous formes d’injonctions : contradictoires avec le message qui consiste à se « foutre la paix »

 

Fabrice Midal

Fabrice Midal est l’un des principaux enseignants de la méditation en France. Il œuvre à la transmission d’une pratique à la fois simple, rigoureuse et laïque. La méditation est une manière d’exister pleinement au quotidien, de se réconcilier avec soi-même, corps et esprit, et avec les autres, dans un rapport de bienveillance.
Fabrice Midal est le fondateur de l’École occidentale de méditation et de Une journée pour apprendre à méditer.

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