L’art subtil de s’en foutre
par Mark Manson
Psycho
23 août 2024
Mark Manson déboulonne quelques mythes dans son best seller : la réussite sans trop d’efforts, le bonheur sans souffrance, le destin exceptionnel qui nous attend tous, la pensée positive en permanence. En réalité, la vie est médiocre, imparfaite, semée d’échecs et de doutes. Elle n’en est pas moins épanouissante pour qui accepte d’être authentique.
« Ce livre ne t’apprendra pas à gagner, à obtenir ou à réussir,
mais à perdre, à lâcher, à laisser filer. Il veut surtout t’inviter à ne plus te pourrir autant la vie, à arrêter d’essayer. En résumé : laisse tomber. »
Mark Manson
J’aime bien – J’aime moins
Le style de Mark Manson est provocateur et impertinent, parfois grossier – ce qui me dérange toujours dans un livre. Dans ce best-seller, rien de bien nouveau sous le soleil du dév’perso. N’empêche : les propos de Manson font mouche, il a le sens de la formule et des métaphores qui claquent. La lecture est agréable et parfois très drôle.
Description de l’éditeur (Eyrolles, 2017)
Points clés en 1 mot
1. La tyrannie du développement personnel
Mark Manson critique la culture du développement personnel pour sa tendance à promouvoir des aspirations démesurées et une image idéalisée de la vie, ce qui déforme la perception que les individus ont d’eux-mêmes. Il soutient que cette pression à être quelqu’un d’exceptionnel qui se démarque des autres mène à une dévalorisation de soi et à des attentes irréalistes. Manson plaide plutôt pour un retour à la réalité, où l’on reconnaît et accepte ses imperfections, ses peurs et ses défauts afin de trouver le courage et la confiance nécessaires pour mener une vie qui a du sens.
2. Charles Bukowski : la réussite d’un anti-héros
L’histoire de Charles Bukowski illustre les idées de Mark Manson sur la réussite, notamment l’idée que la persévérance est essentielle face à l’adversité. Bukowski, malgré de nombreuses années de refus et de déceptions dans sa quête artistique, a fini par rencontrer le succès à un âge avancé. Toute sa vie, il a poursuivi son rêve d’écrivain, au prix de la faim et du rejet, en acceptant ses échecs et ses luttes, et sans cesser de défendre ses valeurs personnelles, un concept cher à Manson.
3. Les réseaux sociaux et le mirage du bonheur
La pression sociale à vivre une vie exceptionnelle ou des expériences fortes, exacerbée par la culture du développement personnel, peut mener à un sentiment de malheur généralisé. Les médias et les réseaux sociaux amplifient ce phénomène en ne montrant que le meilleur de chacun, créant ainsi une image irréaliste et inaccessible de la réussite. Cela peut engendrer du stress, de l’anxiété et une image de soi déformée. Se mesurer constamment aux autres érode la satisfaction personnelle et l’acceptation de soi.
Résumé
Introduction
La société pousse à l’amélioration personnelle constante : bonheur, santé, intelligence, richesse, etc. Cette pression peut mener à une focalisation sur nos défauts et nos échecs personnels. La pensée positive peut paradoxalement renforcer nos sentiments d’insatisfaction. Mark Manson remet en question la pensée positive omniprésente, car le véritable bonheur ne nécessite pas de validation extérieure ou de répétitions affirmatives.
Les réseaux sociaux exacerbent les sentiments d’infériorité en montrant des vies idéalisées. L’illusion de bonheur des autres peut mener à une auto-critique excessive. L’auteur propose une approche basée sur l’acceptation de nos échecs et de nos défauts pour une vie plus épanouissante. La conscience de nous-même, y compris de nos aspects négatifs, est une force. L’authenticité est plus valorisante que la quête de perfection.
1/9 – Don’t try
Charles Bukowski, l’éternel loser reconnu tardivement comme génie littéraire, incarne à merveille la notion d’acceptation de soi. Malgré une vie marquée par l’échec et la misère, il a su transformer ses déboires en une œuvre littéraire unique. Son succès tardif, loin d’être le fruit d’une volonté acharnée, est né d’une authenticité assumée. Son épitaphe, « Don’t try » (N’essaie même pas), résume sa philosophie : l’acceptation de soi, y compris de ses défauts, est plus enrichissante que la quête incessante de perfection.
Cette idée rejoint celle de l’auteur : la culture de la positivité, avec son obsession de l’amélioration personnelle, peut être contre-productive. L’acceptation de ses expériences, même négatives, est essentielle pour un épanouissement véritable.
L’art subtil de s’en foutre, ce n’est pas l’indifférence, mais la capacité à choisir ce qui compte vraiment. C’est reconnaître que chacun est unique et que l’adversité fait partie de la vie. Comme Alan Watts l’a démontré dans sa « loi de l’effort inverse », la recherche du bonheur peut paradoxalement nous en éloigner.
Le discours ambiant est saturé jusqu’à l’obsession d’injonctions à positiver.
Or L’aspiration à vivre des expériences plus positives est en soi une expérience négative.
Et, paradoxalement, consentir à vivre les expériences négatives qui se présentent ou s’imposent à nous constitue en soi une expérience positive.
2/9 – Le bonheur est un problème
Le bonheur n’est pas une destination, mais un voyage semé d’épreuves. L’histoire de Bouddha illustre parfaitement cette idée : prince choyé et vivant dans le luxe, il ressentait un vide profond. Le bonheur ne se trouve pas dans l’évitement de la souffrance, mais dans l’acceptation de la vie telle qu’elle est.
Le bonheur est une activité, pas un état. Résoudre des problèmes, c’est vivre. En affrontant les défis, nous donnons un sens à notre existence. L’insatisfaction est le moteur de notre croissance : elle nous pousse à chercher de nouvelles solutions et à nous dépasser.
Choisir ses combats, c’est choisir sa vie. La réussite ne vient pas sans efforts. La vraie question n’est pas « Qu’est-ce qui me ferait plaisir ? », mais plutôt « Quelles difficultés suis-je prêt(e) à affronter ? », car c’est dans l’adversité que nous nous révélons.
On souffre tout simplement parce que la souffrance a une fonction biologique.
Elle est l’agent du changement préféré de la nature
3 /9 – Tu n’as rien d’extraordinaire, tu sais
La culture de l’exceptionnel, dans laquelle nous baignons, pousse les individus à se comparer constamment aux autres et à rechercher une réussite extraordinaire, au détriment de leur bien-être et des relations humaines.
Les jeunes générations, en particulier, semblent particulièrement touchées par cette pression sociale. Elles souffrent d’un mal-être croissant, caractérisé par une faible résilience face aux difficultés et une quête insatiable de reconnaissance.
Les médias et les réseaux sociaux amplifient ce phénomène en ne montrant que le meilleur de chacun, créant ainsi une image irréaliste et inaccessible de la réussite. Les nouvelles technologies, qui ont contribué à libérer et à mettre en relation tant de gens, renforcent en même temps en eux le sentiment de leur propre importance.
Le texte souligne l’importance d’accepter son ordinaire et de se concentrer sur l’amélioration personnelle plutôt que de chercher à être exceptionnel. Il invite à une réflexion sur la notion de réussite et à une plus grande acceptation de soi. En effet, l’adversité et l’échec font partie intégrante de la vie et peuvent être des moteurs de croissance.
La croyance selon laquelle un destin vraiment hors du commun nous attend tous fait partie des mythologies d’aujourd’hui.
4/9 – La valeur de la souffrance
Notre conscience de soi est comme un oignon : elle se révèle par couches successives. De la simple identification de nos émotions à la compréhension profonde de nos valeurs, chaque pelure nous rapproche d’une connaissance plus authentique de nous-mêmes. Cette introspection est essentielle pour évoluer, car elle nous permet de prendre conscience de notre rôle dans la façon dont nous percevons et réagissons au monde.
Les valeurs que nous choisissons d’adopter façonnent profondément notre expérience de vie. Les valeurs superficielles, comme la recherche du plaisir immédiat ou de la réussite matérielle, sont souvent sources de frustration et de dépendance. En revanche, les valeurs fondamentales telles que l’honnêteté, la créativité et l’humilité nous ancrent dans la réalité et nous apportent un sentiment de satisfaction durable.
Le développement personnel consiste à cultiver ces valeurs profondes. En nous posant des questions difficiles et en assumant la responsabilité de nos choix, nous pouvons améliorer notre vie de manière significative. Il est important de ne pas confondre responsabilité et culpabilité : être responsable, c’est reconnaître son rôle dans les événements de sa vie, sans pour autant se blâmer.
Les réseaux sociaux, bien qu’ils offrent de nombreux avantages, peuvent aussi nous induire en erreur en nous donnant l’impression que le bonheur se trouve à l’extérieur de nous-mêmes. Il est essentiel de rester critique face à l’information et de ne pas se laisser influencer par les opinions des autres.
En résumé, le véritable changement commence en soi. En comprenant nos valeurs, en assumant nos responsabilités et en cultivant une conscience de soi authentique, nous pouvons façonner une vie plus épanouissante et plus alignée avec nos aspirations profondes.
La confusion entre responsabilité et faute incite les gens à laisser aux autres la charge de résoudre leurs problèmes
5/9 – Tu fais tout le temps des choix
Nos choix façonnent notre expérience. Par exemple, courir un marathon sous la contrainte est une épreuve, tandis que le faire par choix, après préparation, est une expérience enrichissante. Cette distinction montre bien que nos choix transforment nos expériences, qu’elles soient agréables ou difficiles.
Par ailleurs, la responsabilité est le moteur du changement. Faire des choix implique de prendre ses responsabilités. La victimisation, qui consiste à attribuer ses problèmes à des facteurs externes, nous empêche de progresser.
Or les médias amplifient la culture de la victimisation. En mettant en avant des histoires de souffrance et en encourageant l’indignation, les médias contribuent à une culture de la victimisation. Il est important de rester critique face à ces récits et de ne pas perdre de vue notre propre responsabilité dans notre vie.
Ce sont les défis de la vie qui nous poussent à évoluer. Les événements difficiles, comme les tragédies ou les difficultés psychologiques, peuvent être des catalyseurs de changement. En acceptant notre part de responsabilité et en choisissant de réagir de manière constructive, nous pouvons transformer l’adversité en opportunité de croissance.
Le changement est un processus difficile mais nécessaire. Changer ses valeurs et ses priorités demande du courage et de la persévérance. Il est normal de ressentir de la confusion et de l’anxiété pendant cette période. Cependant, en acceptant ces émotions et en persévérant, nous pouvons atteindre un état de bien-être plus profond.
S’en foutre, ça n’existe pas. Impossible de se foutre de tout sans distinction. Il existe toujours quelque chose dont on ne se fout pas. D’ailleurs, se foutre de tout, c’est encore faire attention à quelque chose.
6/9 – Tu as faux sur toute la ligne (mais moi aussi)
Nos croyances sont des constructions fragiles. Ce ne sont pas des vérités absolues, mais plutôt des constructions mentales influencées par nos expériences et nos biais cognitifs. Notre cerveau est imparfait, conçu pour être efficace et non exact, et nous conduit souvent à des interprétations erronées de la réalité.
Ainsi, être sûr(e) de soi peut sembler rassurant, mais c’est souvent une illusion. La certitude nous empêche d’apprendre et de nous adapter. En nous accrochant à nos croyances, nous risquons de passer à côté de nouvelles perspectives et de nouvelles opportunités.
Par ailleurs, selon ce que Manson a nommé « la loi de l’évitement », plus une situation menace notre identité ou l’image que nous avons de nous-mêmes, plus nous avons tendance à l’éviter. Cela s’applique aux expériences négatives comme positives, nous amenant à refuser de saisir des opportunités par peur d’un changement qui pourrait altérer notre perception de nous-mêmes.
Par conséquent, douter, se remettre en question et accepter l’incertitude sont des compétences essentielles pour progresser. En doutant de nos croyances, nous pouvons les affiner et les améliorer. Cela nous permet également de développer une plus grande ouverture d’esprit et de mieux comprendre les points de vue des autres.
Nous sommes les architectes de nos propres croyances. Il est donc important d’assumer la responsabilité de nos pensées et de nos actions. En nous libérant des croyances limitantes, nous pouvons vivre une vie plus authentique et plus épanouissante.
En résumé, l’identité personnelle est une construction mentale arbitraire et s’en débarrasser permet une plus grande liberté d’action et de croissance. Reconnaître que nos vies ne sont pas exceptionnelles nous libère de la pression d’être « important(e) » et nous permet d’agir sans attentes irréalistes.
L’esprit humain est une vaste foire aux inexactitudes.
7/9 – Se planter pour bien démarrer
La peur de l’échec nous paralyse souvent. Le système scolaire est largement responsable de cette peur : tout y est rapporté à la performance, les individus sont évalués sur cette base, et ceux qui ne se conforment pas au cadre sont sanctionnés. Et puis il y tous les médias de masse qui nous abreuvent de réussites spectaculaires sans nous montrer les milliers d’heures d’entraînement nécessaires pour les atteindre. Pourtant, l’échec est non seulement inévitable, il est aussi une source d’apprentissage. En adoptant une perspective positive de l’échec, nous pouvons développer notre résilience et atteindre nos objectifs. L’échec devient alors un tremplin vers la réussite.
Les expériences difficiles, qu’elles soient physiques ou émotionnelles, nous rendent plus forts. Elles nous permettent de grandir et de mieux comprendre le monde. Pour beaucoup d’entre nous, les plus belles victoires, celles dont on est les plus fiers, sont celles que nous avons remportées de haute lutte contre l’adversité. La souffrance, en forgeant le caractère, est un élément essentiel de la croissance personnelle.
Attendre d’être motivé pour agir est une erreur. C’est en agissant que nous nous motivons. En commençant par de petites actions, nous créons une dynamique positive qui nous pousse à aller de l’avant. La plupart du temps, c’est donc l’action qui engendre la motivation et non l’inverse. L’action est le meilleur moyen de surmonter la procrastination.
On ne peut vraiment réussir que là où on est prêt à échouer.
8/9 – L’importance de dire non
En nous sortant de notre zone de confort, le voyage remet en question nos certitudes et nous ouvre à de nouvelles perspectives. Il nous permet de relativiser notre vision du monde et de mieux nous connaître.
Cela peut nous amener à aiguiser notre capacité à dire non. Dire non, c’est s’accorder le droit de choisir ce qui compte vraiment pour nous. En faisant des choix significatifs pour nous, en nous concentrant sur l’essentiel, nous vivons une vie plus riche et plus authentique, nous cultivons des relations solides.
Dans une relation amoureuse, il est essentiel de fixer des limites claires et de respecter l’autonomie de l’autre. La confiance se bâtit sur la sincérité, la capacité à exprimer des désaccords ou à admettre ses erreurs, l’honnêteté et l’engagement.
S’engager est la voie vers le bonheur. Le vrai bonheur réside dans l’engagement et la concentration sur quelques priorités, plutôt que dans la quête incessante du « toujours plus ». En nous concentrant sur quelques objectifs, nous réduisons le stress lié au choix et nous trouvons un sens plus profond à notre vie.
9/9 – … Et puis tu meurs
Considéré comme un marginal de la psychologie, le psychothérapeute et écrivain américain Ernest Becker (1924-1974) a bouleversé notre compréhension de l’être humain. Dans son livre Le Déni de la mort, il affirme que notre peur de la mort nous pousse à construire ce qu’il appelle des « projets d’immortalité » : des œuvres, des familles, des sociétés. Ces projets nous permettent de nous sentir plus grands que nous ne le sommes, de laisser une trace indélébile après notre disparition.
Pourtant, Becker souligne que cette quête de l’immortalité peut nous aliéner. En nous concentrant sur l’héritage que nous voulons laisser, nous oublions souvent de vivre pleinement le présent. Il nous invite à adopter une attitude plus sereine face à notre mortalité, en acceptant que la vie est finie.
La conscience de notre finitude peut nous donner une énergie créatrice extraordinaire, que Becker nommait « l’antidote amer ». La mort est contrariante mais inévitable. En acceptant notre mortalité, nous pouvons choisir nos valeurs sans être les otages de cette quête absurde d’immortalité et vivre chaque instant avec plus d’intensité et de joie.
À propos de Mark Manson
Mark Manson, né le , est un écrivain américain, consultant en développement personnel, entrepreneur et blogueur. Depuis 2010, il rédige sur son blog des articles sur des thèmes liés au développement personnel : les systèmes de valeurs, l’intelligence émotionnelle, les relations interpersonnelles et amoureuses, le sens de la vie et la discipline personnelle.
markmanson.net
Barbara Reibel
Coach Happiness, Formatrice, Autrice et Blogueuse
Fondatrice du site Happiness Factory et des blogs En 1 mot & Humour Me By Barbara
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