Du bon usage des crises
par Christiane Singer

Spiritualité

13 avril 2014

[social_warfare]

Temps de lecture : 2 min

5

La crise, dans la société où nous vivons, est vraiment ce qu’on a trouvé de mieux, à défaut de maître, pour entrer dans l’autre dimension. Christiane Singer, l’une des grandes voix spirituelles de notre temps, fait ici l’éloge des crises.

«  Le pire, c’est d’avoir traversé la vie sans naufrages, d’être resté à la surface des choses. »

Présentation Du bon usage des crises (éditions Albin Michel, 2001)

« L’insignifiance et la futilité qui règnent en maîtres barrent l’accès au réel et à la profondeur: Aussi ai-je gagné la certitude que les catastrophes ne sont là que pour nous éviter le pire.
Et y a-t-il pire que d’avoir traversé la vie sans houle et sans naufrage, d’être resté à la surface des choses, d’avoir dansé toute une vie au bal des ombres ? »

Cet ouvrage regroupe six conférences dont les thèmes sont :
– Le futur de l’homme, un nouvel humanisme ?
– Du bon usage des crises
– Entrer dans la ferveur
– Le sacré dans l’amour
– A la source de la parole
– Le silence de lumière.
Pour Christiane Singer, le grand défi d’aujourd’hui n’est ni économique ni politique, encore moins scientifique : c’est un défi d’ordre psychique et mystique.

Qu’apprend-on dans le bon usage des crises par Christiane Singer ?

Voilà une femme d’exception, encore trop méconnue du grand public. Sans doute parce que décédée trop tôt, alors qu’elle avait encore tant à dire et surtout, à écrire.

1. La crise : Occident vs Orient

Nous connaissons dans notre occident deux voies quand nous sommes dans un état d’étouffement, d’étranglement :

l’une, c’est le défoulement, c’est crier, c’est exprimer ce qui était alors rentré. Il y a de nombreuses thérapies sur ce modèle et c’est probablement quelque chose de très précieux pour faire déborder le trop-plein. Mais, au fond, toute l’industrie cinématographique est fondée sur ce défoulement, cette espèce d’éclatement de toute l’horreur, de tout le désespoir rentré, qui, en fait, le prolonge et le multiplie à l’infini.

L’autre réponse , c’est le refoulement : avaler des couleuvres, et devenir lentement ce nid de serpents que nous sommes si souvent, ces nids de serpents sur deux pattes.

Et le troisième modèle qui nous vient de l’Orient et qu’incarnait Dürckheim : s’asseoir au milieu du désastre, et devenir témoin, réveiller en soi cet allié qui n’est autre que le noyau divin en nous.

Cette troisième voie est probablement le salut pour notre époque si torturée. Il existe, paraît-il, dans un maelström, un point où rien ne bouge. Se tenir là ! Ou encore, pour prendre une autre image : dans la roue d’un chariot emballé, il y a un point du moyeu qui ne bouge pas. Ce point, trouver ce point.

Et si un seul instant, j’ai trouvé ce point, ma vie bascule, parce que la perspective est subitement celle de Job, cette perspective agrandie, de la grande vie derrière la petite vie, l’écroulement des paravents, l’écroulement des représentations, un instant, voir cette perspective agrandie.

2. Le divertissement face à la crise

Dans notre société, toute l’ambition, toute la concentration est de détourner notre attention de tout ce qui est important. Un système de fils barbelés, d’interdits pour ne pas avoir accès à notre profondeur. C’est une immense conspiration, la plus gigantesque conspiration d’une civilisation contre l’âme, contre l’esprit.

Dans une société où tout est barré, où les chemins ne sont pas indiqués pour entrer dans la profondeur, il n’y a que la crise pour pouvoir briser ces murs autour de nous. La crise, qui sert en quelque sorte de bélier pour enfoncer les portes de ces forteresses où nous nous tenons murés, avec tout l’arsenal de notre personnalité, tout ce que nous croyons être.

3. La crise au lieu de l’initiation

Ce serait une erreur de croire que la crise est quelque chose de normal, d’inhérent à la nature humaine. Il y a de nombreuses sociétés, toutes les sociétés traditionnelles, qui ont une tout autre façon d’agir.

Un ami anthropologue m’a rapporté ces mots d’un Africain qui lui disait : « Mais non monsieur, nous n’avons pas de crises, nous avons les initiations ». Et  les initiations sont la ritualisation de ces passages, c’est-à-dire cette possibilité pour l’homme de passer d’un état d’être naturel, premier, à cet univers agrandi, où l’autre versant des choses est révélé.

Et il s’avère que toutes ces initiations, dans leur incroyable diversité, et inventivité – parfois des rites d’une cruauté qui nous paraît insoutenable – ont tous la même visée : mettre l’initié en contact avec la mort, le faire mourir ; le vieux principe du « meurs et deviens ».

Que ce soient les rites des aborigènes australiens qui enterrent les néophytes pendant trois jours sous des feuilles pourries, ou les épreuves auxquelles sont soumis les jeunes Indiens, il n’y a pas un rite pourtant qui soit aussi cruel que l’absence de rite.

Et la vie n’a pas d’autre choix que de nous précipiter ensuite dans une initiation, cette fois sauvage, qui est faite non plus dans l’encadrement de ceux qui nous aiment, ou qui nous guident, de chamans, ou de prêtres ou d’initiés, mais dans la solitude d’un destin. Ces catastrophes qui ne sont là que pour éviter le pire !

Il peut vraiment paraître très cynique de parler ainsi. J’ai connu cette période où lorsqu’on entend une chose pareille, et que l’on est soi-même plongé dans un désespoir très profond, ces propos paraissent d’un cynisme insupportable.

Et pourtant quand on a commencé à percevoir que la vie est un pèlerinage, quand à une étape de ce pèlerinage on regarde en arrière, on s’aperçoit vraiment que les femmes, les hommes qui nous ont le plus fait souffrir sur cette terre, sont nos maîtres véritables, et que les souffrances, les désespoirs, les maladies, les deuils, ont été vraiment nos sœurs et nos frères sur le chemin.

Je sais que cela peut avoir une coloration insupportable quand on est dans une phase de désespoir, mais c’est tellement fabuleux quand on s’arrête en cours de route, quand on regarde en arrière, et qu’on se dit : « mais oui, c’est vrai ! ».

4. Le retournement

Comment se joue la crise ? On pourrait utiliser ce mot de retournement, de renversement. Qu’est-ce qui se passe dans la crise ? Il se passe à peu près ceci qu’une voix s’adresse à vous, et vous dit : « Tu as construit une vie, oui bravo, eh bien détruis-la ; tu as construit une personnalité, formidable, bravo, détruis-la ; tu t’es battu, tu as été courageux, un courage extraordinaire, mais l’heure de la reddition est venue,  à genoux ! ». Tous ces moments de l’intolérable, de l’inacceptable, qui dans l’ordre des choses vécues, dans l’ordre de l’immédiat sont le scandale absolu !

5. Le sens de la souffrance

Le sens de la souffrance, c’est de traverser. Nous vivons dans une époque tellement poltronne qui nous protège, qui nous apprend surtout à ne pas souffrir, à rester en surface, à ne pas entrer dans les choses. (…) La passion nous offre une chance de traverser le mur des apparences. (…) On a tout à fait tort quand on dit que l’amour est aveugle. Je crois qu’il faudrait dire bien davantage que l’amour est visionnaire, c’est-à-dire qu’il voit dans l’être aimé la divinité qui l’habite.

J’aime bien 👍

    • Une écriture d’une beauté et d’une fluidité rares 
    • Une pensée originale, souvent renversante 
    • La vision de la crise comme un cadeau de la vie
    • Christiane Singer est l’une des grandes voix spirituelles francophone, disparue trop tôt

J’aime moins 👎

  • La couverture du livre, un peu tristounette 

Née en 1943 à Marseille et décédée d’un cancer fulgurant en 2007, Christiane Singer est d’origine juive hongroise par son père et russo-tchèque par sa mère. Elle a suivi l’enseignement de Karlfried Graf Dürckheim (disciple de C.G. Jung). Son œuvre et sa réflexion personnelle sont tout entières centrées sur la prise en compte nécessaire du spirituel qui couve dans le cœur de chacun. Écrivain de sensibilité chrétienne, imprégnée de sagesse orientale, elle s’abstient de donner des leçons de morale et exclut tout dogmatisme. Elle a obtenu plusieurs prix littéraires, dont le Prix des Libraires pour La Mort viennoise en 1979, le Prix Albert-Camus pour Histoire d’âme en 1989, et le Prix de la langue française en 2006 pour l’ensemble de son œuvre.

Pour aller plus loin, découvre le Carnet de Route « J’accueille l’incertitude » 

Vivre avec l’incertitude – vraiment ?

Les événements stressants, les imprévus et les ruptures font partie de la vie. Je te propose d’augmenter ta résilience en cultivant ton ancrage au milieu des changements. Pour les vivre avec sérénité et apaisement. On y va ?

Aide-toi en 3 semaines seulement

Avec ce Carnet de Route, pratique pendant 3 semaines des exercices basées sur la psychologie positive et reprogramme ton mental pour apprendre à bien vivre dans des temps incertains. Je t’accompagne tout au long du chemin, notamment avec une séance de coaching personnelle.

Un Carnet de Route simple et ludique, ça change la

vie !

Ce Carnet de Route est conçu pour les personnes actives comme toi qui n’ont « pas le temps ». Les exercices s’intègrent facilement à un planning chargé. Ils sont garantis « zéro prise de tête ». Tu atteins ton objectif en t’amusant. Que demander de plus ? 

Je prends ma vie en main
[social_warfare]
Barbara Reibel Coach Happiness

Barbara Reibel

Coach Happiness, Auteure et Blogueuse
Fondatrice du site Happiness Factory et du blog En 1 mot

Retrouve-moi ici

The Happiness Factory

Happiness Factory

Du coaching simple et motivant pour transformer ta vie

Humour Me By Barbara

Humour Me by Barbara

Humeur d’une digital mother au bord du burn-out entre z’Homme et ses trois greffons

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.